PDG : une fracture assumée face à la candidature d’Oligui Nguéma ?

Le Parti démocratique gabonais (PDG) est en proie à une crise interne profonde, exacerbée par la présidentielle du 12 avril 2025. Dans une récente déclaration solennelle, Ali Akbar Onanga Y’Obegue, Secrétaire général du courant dit « loyaliste » et « légaliste » du PDG, a annoncé l’exclusion automatique des membres du parti qui soutiennent la candidature de Brice Clotaire Oligui Nguéma.
Cette prise de position, partagée avec Francis Nkéa Ndzigue, ancien ministre et rédacteur des statuts du parti, repose sur un principe simple : le PDG ne présente aucun candidat et n’a donné aucune consigne de vote. Dès lors, tout adhérent qui prend position en faveur du chef de la transition s’exclut de lui-même du parti, en contradiction avec ses statuts.
Ce positionnement découle d’une ligne de conduite stricte adoptée par ce courant, qui considère comme une trahison toute alliance avec les autorités ayant mis fin au règne du PDG. Pour Ali Akbar Onanga Y’Obegue et ses partisans, il est incohérent et inacceptable de soutenir ceux qui ont renversé, marginalisé et affaibli leur formation politique, tout en cherchant aujourd’hui à capitaliser sur son influence. Il pointe notamment du doigt le Rassemblement des bâtisseurs, mouvement au sein duquel plusieurs anciens cadres du PDG ont rejoint la campagne du président de transition.
Le clivage qui secoue le parti est désormais assumé. D’un côté, les « légalistes », fidèles à l’indépendance du PDG et opposés à toute compromission avec le pouvoir actuel. De l’autre, les partisans du « PDG rénové », dirigés par Blaise Louembé, ancien ministre, et issus d’un congrès extraordinaire organisé le 30 janvier 2025. Ce dernier groupe a choisi de se ranger derrière Oligui Nguéma, arguant d’une nécessité de pragmatisme et d’une volonté d’influer sur l’avenir politique du pays depuis l’intérieur du système.
Pour les tenants de la ligne dure, ce congrès n’a aucune légitimité. Ils s’appuient sur les statuts du PDG, rappelant que seul Ali Bongo Ondimba, en tant que président du parti, pouvait convoquer un tel événement. Une position récemment renforcée par l’ancien chef d’État lui-même, qui a affirmé dans une interview accordée à Jeune Afrique que cette réunion s’était tenue en violation des règles internes. Ali Akbar Onanga Y’Obegue et ses alliés ont d’ailleurs saisi la justice pour tenter d’obtenir l’annulation des décisions prises lors de ce congrès et rétablir ce qu’ils considèrent comme l’ordre légitime au sein du parti.
Cette scission marque un tournant dans l’histoire du PDG. Hier tout-puissant sous le régime Bongo, le parti se retrouve aujourd’hui morcelé entre une aile légaliste qui refuse toute collaboration avec l’actuel pouvoir et une frange réformiste qui cherche à exister politiquement sous la transition. Cette fracture traduit plus largement les recompositions en cours au sein du paysage politique gabonais.
L’enjeu, pour le PDG, est crucial : réussir à préserver une identité propre tout en pesant sur l’avenir du pays. Mais à force de divisions internes et de luttes d’influence, le parti risque de perdre définitivement son rôle central et de voir émerger de nouvelles forces politiques plus adaptées aux réalités du moment.